You are currently viewing Atos, une entreprise stratégique dans la tourmente

Atos, une entreprise stratégique dans la tourmente

Atos le prochain fleuron de l’Etat français !

Atos est un leader international de la transformation digitale avec 112 000 collaborateurs et un chiffre d’affaires annuel d’environ 11 milliards d’euros. Faisant partie des pionniers du cloud européen, de la cybersécurité et des supercalculateurs. Le groupe fournit des solutions intégrées pour tous les secteurs dans 71 pays. 

La direction d’Atos a proposé un plan de restructuration ambitieux pour sortir de l’impasse. Ce plan inclut la demande aux créanciers de renoncer à la moitié de la dette contre une part du capital, le report du remboursement de la dette pour cinq années supplémentaires, et un appel à l’injection de 1,2 milliard d’euros de « new money » pour financer la relance du groupe.

D’autre part Bercy a annoncé son entrée au capital dans Bull SAS, qui gère des actifs stratégiques : les supercalculateurs qui servent à simuler les essais utiles à la dissuasion nucléaire.

Le groupe Atos espère conclure un accord d’ici juin pour une mise en œuvre en juillet, à temps pour sa participation aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Les enjeux sont élevés non seulement pour la survie d’Atos, mais aussi pour son rôle crucial dans cet évènement d’envergure mondiale.

La situation est critique pour le géant français de la tech, Atos, qui fait face à un été décisif. Avec une dette énorme de 4,6 milliards d’euros, le groupe n’a pas réussi à vendre les actifs qu’il avait prévu de céder. La rupture des négociations avec Daniel Kretinsky pour la vente de Tech Fundations et le retrait d’Airbus pour l’achat des activités de cybersécurité mettent Atos dans une position délicate.

Pour rappel le groupe informatique français devait rapidement trouver une solution pour faire face à ses 4,6 milliards d’euros de dette dont 3,65 qu’elle doit rembourser d’ici fin 2025.

L’engagement de l’Etat était attendu après les propos du ministre de l’Economie et des Finances et du Premier ministre pour protéger les activités stratégiques d’Atos. Il accorde un prêt de 50 M€ via le fonds de développement économique et social (FDES). En échange, l’Etat recevra une action de préférence de Bull, composante de BDS intégrant les supercalculateurs. Ces derniers sont utilisés dans la simulation nucléaire et d’autres activités sensibles liées à la Défense.

L’Etat sécurise en attendant les offres de reprise

L’Etat se met donc dans une position de sécurité dans l’attente d’une éventuelle « solution nationale », que Bruno Lemaire appelle de ses vœux. Le gouvernement planchait sur plusieurs options : une participation directe via l’Agence de participation de l’Etat, un investissement minoritaire de BPIfrance couplé avec un industriel ou alors pousser une entreprise ou un consortium à se positionner.

Dans ce cadre, Dassault Aviation étudierait le dossier de BDS, mais principalement sur le volet supercalculateur et le programme Mission Critical System qui équipe les avions Rafale.

Pour éponger le fardeau de la dette, Atos n’écarte plus la cession de ses activités cybersécurité (BDS). Le groupe a annoncé être entré en discussions avec Airbus. Mais que vaut vraiment cette branche stratégique ?

Atos croule sous les dettes. Dans le communiqué publié mercredi 3 janvier, la direction reconnaît son souhait de céder plusieurs activités pour éponger ce fardeau de la dette : près de 4 milliards d’euros de dette ont fait l’objet d’emprunt auprès de diverses banques. Outre Tech Foundations convoité par Kretinsky, c’est désormais BDS, la partie Big Data, Cybersécurité et superordinateur d’Atos qui pourrait être cédé. 

Pour l’instant, Atos a reçu deux courriers indiquant des marques d’intérêt pour le rachat de BDS. Il va donc ouvrir une phase de discussion avec Airbus qui souhaite croître en cyber, notamment dans sa branche défense et sécurité, se doter de solides capacités en calcul intensif et en intelligence artificielle.

Le géant de l’aéronautique aurait fait une offre valorisant BDS entre 1,5 et 1,8 milliard d’euros. « On est dans le bas de la fourchette, commente Hervé Lecesne, président de Nactis SAS, si on compare aux 3,6 milliards payés par Thales pour le rachat d’Imperva, une société de cybersécurité dont le chiffre d’affaires n’atteignait pas la moitié de celui de BDS. »

De fait, BDS avait été valorisé près de 3 milliards il y a un an, avant la scission d’Atos en deux entités distinctes, mais depuis, il y a eu une fuite des compétences ce qui pourrait expliquer la baisse de la valorisation.

Thales, Schneider Electric ou Safran sur les rangs ?

Si l’entrée en négociation d’Atos avec Airbus n’a pas convaincu les marchés,  le titre a perdu plus de 6 %, cela marque un tournant dans la stratégie d’Atos et reflète l’arrivée de Jean-Pierre Mustier en tant que nouveau président du conseil d’administration. Jusqu’à présent, le groupe n’envisageait pas une vente par appartements.

Atos a indiqué avoir reçu deux courriers de marque d’intérêt pour BDS, sans nommer le second. Thales pourrait être sur les rangs. Il n’a ni confirmé ni nié son intérêt dans BDS, se contentant de rappeler ne pas avoir l’intention de se diversifier ailleurs que dans la défense. D’autres noms circulent comme ceux de Schneider Electric ou Safran.

1,5 milliard de chiffre d’affaires estimé pour BDS

Atos ne communique pas le chiffre d’affaires des différentes branches. Le chiffre d’affaires de BDS est estimé à 1,5 milliard d’euros. Le prix proposé par Airbus serait très bas dans un secteur où il est habituel de payer cinq fois le chiffre d’affaires. Mais BDS regroupe des activités très différentes.

La partie cyber représente autour de 500 millions. A l’intérieur de cette partie, le HSM (Hard security module, le module matériel de chiffrement des données) est une véritable pépite technologique qui sert à gérer et stocker des clés de chiffrement.

BDS réalise plus de 200 millions d’euros dans la défense, notamment avec le système d’information du combat de Scorpion.

La partie HPC (les superordinateurs, héritage de Bull) représente à peu près 500 millions d’euros auxquels s’ajoutent 200 millions d’euros de service.

Atos 2e mondial dans le HPC

Le HPC (High performance computing), calcul de haute performance (HPC) permet de traiter les données et d’effectuer des calculs complexes à des vitesses élevés. Pour remettre les choses en perspectives, un ordinateur portable ou un poste de travail avec un processeur de 3 GHz peut effectuer environs 3 milliards de calculs par seconde.

Le gouvernement n’a jamais caché sa position sur le dossier Atos : il n’a pas l’intention de prendre la moindre participation et encore moins de nationaliser. En revanche, Bercy a rappelé qu’il fallait protéger la partie superordinateur ou HPC (high performance computing). De fait Atos est le seul constructeur européen, numéro 2 mondial cette année en puissance de calcul installée, derrière HP et devant Lenovo.

Bercy étudie une prise de participation minoritaire dans la division BDS. Atos plaide pour un statu quo alors que les candidats à sa reprise dévoileront leurs offres d’ici la fin de la semaine.

Elles ne pèsent pas grand-chose dans la restructuration d’Atos et pourtant tout le monde en parle. Les activités dites « sensibles » du groupe de services informatiques sont au cœur du casse-tête du gouvernement qui a promis de les protéger. Elles regroupent la cybersécurité et les supercalculateurs pour le ministère des Armées et certaines sont habilitées « secret défense ».

Selon plusieurs sources, elles réalisent environ 500 millions d’euros de chiffres d’affaires, dont environ la moitié directement liée à des contrats avec l’État.

Le ministère de l’Économie va se doter d’une action de préférence, lui donnant des droits spécifiques sur la gouvernance, dans Bull, la filiale où ces activités sensibles sont logées. Mais comme une partie des supercalculateurs sont en dehors, l’État étudie la possibilité d’intervenir, en plus, dans la structure qui chapeaute Bull. La fameuse division « BDS » (big data & sécurité) qu’Atos a failli vendre à Airbus pour 1,8 milliard d’euros

« Bercy réfléchit aussi à entrer comme actionnaire minoritaire chez BDS », explique une source proche du dossier.

Le ministre de l’Économie a promis de « construire une solution nationale de protection des activités stratégiques.

Des fleurons français intéresser par des branches d'Atos

Mais pas seulement. Selon nos informations, elle héberge une activité dédiée aux écoutes de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), ainsi que des contrats de simulation de missiles pour la direction générale de l’Armement.

Aussi un adossement de ces activités sensibles à un industriel français dont il est proche. Dassault Aviation se penche sur le dossier, notamment pour une petite société d’Atos, Mission Critical Systems, logée elle aussi chez Bull. Car « MCS » s’occupe de la communication entre les Rafale, construit par Dassault Aviation.

MCS fournit également des « logiciels d’information et de commandements pour la défense et la sécurité intérieure, explique Atos dans son rapport annuel. Le logiciel Digital Battle Management System a été retenu par l’Armée française comme base du système de gestion de combat unifié de la France au sein du programme Scorpion ».

C’est pour cela que l’État encourage Thales à s’y intéresser, alors qu’il est son premier actionnaire avec 26% du capital. Selon nos informations, le géant de la défense et de la sécurité a d’ailleurs approché Atos en début d’année pour lui racheter MCS mais le groupe a refusé. 

Le Navigateur 🖊️